Plongeons dans l’histoire d’Ecosse grâce à un article de Sara Mordzynski, publié sur le site outlandercast.com
Traduit par Florence Fujarski
Titre original (traduit) : Voici les Fraser : Plongez dans la « vraie » ascendance de Jamie
Grâce à la série Outlander, la plupart d’entre nous a déjà découvert quelques facettes de l’Histoire de l’Ecosse … souvent avec plaisir ! Découvrons-en un peu plus sur l’histoire des Fraser.
NB : * Les notes en italiques sont ajoutées par la traductrice, pour plus de compréhension.
NB : la narratrice s’exprime en disant « je ». Veuillez noter que ce sont les propos de l’autrice de l’article d’origine, Sara Mordzynski 😉
***********************************************
Voici les mots de Jamie lorsqu’il explique à Colum son oncle et chef du clan MacKenzie son refus de prêter serment d’allégeance. Mais qui étaient les Fraser ? Quelles sont les origines de ce clan au nom très peu gaélique ?
Il n’était pas essentiel pour la narration de l’adaptation télévisée d’explorer cette question, mais j’ai pensé qu’il serait intéressant de plonger dans l’histoire du clan de notre héros bien-aimé (au moins jusqu’à l’époque d’Outlander), parce que je suis mordue d’histoire et mordue de tout ce qui est lié de près ou de loin à Jamie.
L’une des origines les plus plausibles du nom serait liée aux provinces françaises d’Anjou et de Normandie, probablement à un chevalier du nom de « de Fresel » qui est arrivé sur les îles britanniques lors de la conquête normande (vers 1066). Dérivées du mot français « fraise », leurs armoiries arborent des fleurs de fraises argentées. L’une des premières mentions d’un Fraser en Écosse remonte à 1109, lorsque Gilbert de Fraser est témoin d’une charte accordée au monastère de Coldstream.
Au XIIe siècle, avec des concessions de terre comme appât, Guillaume Ier d’Écosse recrute des chevaliers normands dans le cadre de ses batailles territoriales incessantes avec Henri II, au sujet de la Northumbrie et des Scottish Borders (région des Marches Ecossaises*). C’est très probablement ainsi que les premiers Fraser s’établissent dans le pays d’Alba, se mêlant aux Écossais de souche.
En 1160, la moitié de la région de Keith en East Lothian appartient à Sir Simon Fraser (désolée pour la confusion, mais certains noms favoris reviennent dans les familles et les Fraser ne font pas exception : Simon, Hugh, Alexander). En outre, la famille acquiert des terres dans la vallée de Tweed, à Stirling, Angus, Inverness et Aberdeen. Nombre de ces acquisitions sont le fruit d’arrangements matrimoniaux fortuits (il faut croire que, même à l’époque, les Fraser savaient charmer les héritières et surtout, les membres masculins de leur famille).
Pendant les guerres d’indépendance (1297-1314), les Fraser étaient de fervents partisans de William Wallace et de Robert Bruce. Sir Simon of Oliver and Neidpath était marié à l’héritière Bisset, ce qui lui permit d’obtenir des terres autour de Beauly. Malheureusement, ce Simon fut capturé et connut une mort atroce à Londres.
En remerciement de ses bons et loyaux services pendant la bataille victorieuse de Bannockburn, le fils de Simon, Sir Alexander of Touchfraser and Cowie devint non seulement Lord Chambellan de Robert Bruce, mais aussi son beau-frère, grâce à son mariage avec Lady Mary […]
Son petit-fils obtiendra par la suite les domaines de Philorth par un contrat de mariage (comment faire autrement ?) avec Lady Johanna, l’héritière du Comte de Ross.
Dans la première moitié du XVIIe siècle, un autre Sir Alexander sera non seulement Laird de Pilorth, mais aussi Lord Saltoun. Cette branche des Fraser est une famille des Lowlands, distincte du Clan Fraser des Highlands. Voici pourquoi.
Le frère cadet de Sir Alexander, Sir Simon, a épousé la fille du Comte de Caithness, Lady Margaret Sinclair, héritière de Lovat. Il est le MacShimidh, (fils de Simon, patronyme gaëlique traditionnel des chefs)* comme se nomment tous les chefs Fraser. Leur territoire traditionnel comprenait Stratherrick, Inverness-shire, Beauly et Strathfarrar. Malheureusement pour ce Sir Simon, il fut tué lors de la bataille de Halidon Hill en 1333. Il s’agit de l’une des nombreuses batailles de la deuxième guerre d’indépendance écossaise.
Même après que Robert eut assuré sa royauté, les partisans des Balliol (Edouard Balliol, prétendant au trône d’Ecosse, à la suite de son père Jean, ancien roi d’Ecosse)* qui prétendaient au trône, ainsi que les Écossais mécontents et les Anglo-Normands déplacés parce qu’ils s’étaient rangés de leur côté, menèrent des batailles incessantes pour déraciner le successeur de Robert, David II.
En 1458, Jacques Ier accorde la pairie à Hugh Fraser, le premier Lord Lovat.
Passons au 9e Lord Lovat, un autre Hugh, (1666-1696). Pauvre homme, il n’a que quatre filles, dont Amelia, l’aînée et donc l’héritière, mais il décide de léguer le domaine à son oncle, Thomas de Beaufort. Or, traditionnellement, dans la société clanique, la pratique habituelle voulait que la fille aînée, l’héritière, épouse le parent mâle le plus proche portant le nom de la famille. C’est certainement ce qu’attendait le fils de Sir Thomas. Voici le lien avec Outlander… le fils cadet de Thomas est… Simon, « le Renard », qui sera le véritable grand-père de notre Jamie fictif.
Une fois de plus, l’Écosse est déstabilisée par la question de la monarchie et de la religion. La foi ouvertement catholique de Jacques II le met en porte-à-faux non seulement avec l’élite anglicane de Londres, mais aussi avec le parlement écossais et ses liens étroits avec les presbytériens. Son principal soutien vient des Highlands. Le Renard, étudiant à l’université d’Aberdeen, part se battre lors du premier soulèvement jacobite.
Suite à la mort de son frère aîné à la bataille de Killiecrankie en 1689*, Simon devient le Taniste. (Suivant la coutume, le successeur d’un roi ou d’un chef de clan doit être choisi parmi sa parenté, mais de préférence parmi des collatéraux (frères, cousins, neveux) plutôt que parmi ses descendants directs. Le successeur est en général choisi du vivant du chef précédent et est alors appelé taniste.)*
Politiquement astucieux, parfois impitoyable, Simon n’avait aucun problème à passer d’un parti rival à l’autre, surtout si cela correspondait à ses intérêts et à ceux de son clan.
Avec le décès de Sir Hugh en 1696, Thomas – le père de Simon – devient le 10e Lord Lovat. Mais le clan Murray conteste cette prétention. John Murray, oncle et pupille d’Amelia Fraser, révèle une stipulation habilement insérée dans le contrat de mariage entre Thomas et sa fiancée Murray, qui permet à une héritière d’épouser n’importe quel homme à condition qu’il prenne le nom de Fraser (sans qu’il soit nécessaire d’avoir un lien de sang réel).
Dans un acte désespéré et impitoyable, Simon kidnappe puis épouse la douairière Lady Lovat (sœur de John Murray)*. Bien que le mariage soit annulé, il s’ensuit une longue bataille juridique qui fluctue souvent au gré des marées politiques.
Lorsque Jamie entre en scène, le Renard est fermement installé comme chef de clan des Fraser des Highlands.
Passionnée d’histoire, j’ai adoré cet article si bien traduit par Florence, merci à elle. L’histoire des civilisations est toujours la même, connaître le passé permet de connaître le futur. Elle a réussi à rendre claire l’histoire de ces clans qui n’avaient qu’une seule ambition , comme la noblesse d’épée en France, préserver et agrandir leurs terres claniques. Jamie indique d’ailleurs qu’il est interdit au laird de vendre des terres claniques.
Ravie d’apprendre que les Fraser sont d’origine française et qu’ils se sont rallié à William Wallace. La carte nous montre que les terres des Mc Kenzie, des Fraser et des Cameron étaient limitrophes et je pourrai maintenant regarder la série (avant de lire les livres) avec tous ces renseignements plein la tête.
L’histoire du Royaume Uni et celle de la France ont beaucoup de points de ressemblance dans leur évolution. Je suis presque sûre que des écossais sont capables d’admirer Napoléon comme nous admirons Robert Bruce.
La France a 1500 ans d’histoire et le rêve de certains est de la détruire……..